Aux
temps d’avant, les éturiens construisaient de petits autels dans leurs
maisons, dans leurs cours, prés des puits, aux entrées des bâtiments
officiels, sur les places de marché, aux carrefours des chemins, au bord
d’un lac ou à l’orée d’une forêt.
Ils
construisaient aussi des temples dans lesquels des statues, des
fresques ou des symboles, des représentations, attendaient la venue du
croyant, acceptaient son offrande et lui accordaient sa bénédiction.
Les
éturiens priaient la déesse du printemps, des semailles, des fleurs et
des enfants, le dieu de la musique, de la fête et de l’ivresse, le dieu
de l’amour, du couple et de la fidélité, la déesse du foyer et des
mendiants. Ils imploraient l’aide du dieu de la chance, du dieu de la
chasse, celui des moissons ou celui des vendanges. Ils demandaient
conseil au dieu des marchés ou à la déesse de justice et à d’autres,
tant d’autres. Lorsqu’ils étaient animés de noirs desseins, Ils
s’agenouillaient devant la déesse de la mort ou celle de la douleur.
Chaque corps de métier avait son dieu tutélaire. Paysans, maçons,
aubergistes, forgerons, tanneurs, tisserands et même les bourreaux
savaient vers qui se tourner pour demander de l’aide.
Puis
vint le temps des souffrances. Sous le joug impitoyable de
l’envahisseur, les éturiens furent écrasés et leurs dieux avec eux. De
nombreux temples furent détruits, les autels disparurent des chemins et
des marchés. Longtemps les éturiens n’eurent plus personne vers qui se
tourner. Longtemps ils portèrent seuls leur fardeau. Les envahisseurs
célébraient la luxure ou la gourmandise dont ils profitaient pleinement,
volant sans vergogne tout ce qu’ils pouvaient accaparer, violant les
filles, investissant les rues, semant la tragédie en tous lieux,
véritable peste humaine ne laissant qu’un désert de douleur et de
malheur derrière elle et imposant à tous le culte de leur empereur dieu,
véritable dieu vivant, monstrueux, infâme, révéré par tous ces
mulkeshites et plus encore, craint par eux.
Mais
même s’ils n’en avaient plus le droit, nombreux étaient ceux qui
dissimulaient, à la vue de l’envahisseur, les petits autels,
reconstruits mais dissimulés aux regards ennemis, dans une chambre, une
cave, un tunnel ou une grotte.
Ceux
qui étaient pris à prier étaient impitoyablement punis mais cela ne fit
pas abandonner leurs dieux aux éturiens. Au contraire. Si l’envahisseur
s’était contenté de dominer leurs terres, leurs corps, peut être ne se
seraient-ils pas rebellés. Mais il voulait aussi contrôler leurs pensées
et leurs coeurs. Mais cela ne se pouvait pas.
Et
la colère monta, peu à peu, d’abord diffuse, silencieuse. Puis
chuchotée entre deux portes, discutée dans une cave, criée dans la
forêt. Pour finir par être hurlée dans les rues lorsque l’impensable
libération arriva enfin.
Chaque
éturien pria les dieux de l’aider à repousser l’ennemi. Et il fut
entendu. Un grand héros vint apporter son épée et ses armées pour aider à
la délivrance d’éturia.
Lorsque
le combat devint victoire et la victoire se changea en paix, les
éturiens rajoutèrent un dieu à ceux qu’ils révéraient : Un dieu de
colère et d’orgueil, un dieu de force et de guerre : Mialtus.
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