Puisse Fan’téïlos éclairer ton cœur, Rivosnite cultiver ton esprit et Vrastané guider ton bras. ( Prière des adieux )
Broomtaclow
avait quitté An’dow, « les neiges du dessous » et marchait de son pas
traînant vers Néïsdil, « le château brume », demeure de Vrastané.
A
chacun de ses pas, la terre se durcissait, empêchant le labour ; la
roche se couvrait de gel broyant, causant les éboulements. Lorsque son
pied, d’un bleu glacé, se posait sur une herbe ou une plante, la glace
la saisissait jusque dans ses racines et l’effritait jusqu'à faire
disparaître le vert du printemps, le jaune de l’été, le rouge de
l’automne. Lorsque de son souffle, elle effleurait un bouquetin, un ours
ou un oiseau, celui s’endormait pour ne jamais se réveiller.
Broomtaclow
apportait, dans son panier de roche brisée, une paire de bottes, du
plus beau tanné et serties d’aigues-marines, qu’elle désirait offrir à
Vrastané.
Rivosnite,
chevalier à la maille, gardien du pont d’intégrité - l’entrée de
Néisdil - empêchait les brumes d’approcher grâce à son javelot de vent. A
l’arrivée de Broomtaclow il s’avança et l’interpella, lui sommant de
s’arrêter. Broomtaclow se figea et finit de briser son panier de
rochers. Les bottes en tombèrent sur le sol gelé et Broomtaclow se
retira, chuchotant que son présent, blanc comme neige, était pour
Vrastané.
Rivosnite,
méfiant, les aurait bien jetées mais les bottes étaient belles et ne
lui étaient pas destinées. Il ne pouvait se résoudre à s’en débarrasser
sans d’abord les montrer. Il hurla « Vrastané » et les prit à la pointe
de son javelot pour les lancer, l’une après l’autre, vers la fenêtre de
la salle où siégeait Vrastané, le roi de Néïsdil. La première botte
s’envola dans le ciel et une traînée blanche la suivit avant de
disparaître par la fenêtre. Vrastané, alerté par le cri, la vit venir
vers lui, se leva de son trône et s’en saisit.
La
seconde botte aurait suivi le même chemin si Broomtaclow, restée
cachée, n’avait pas levé une tempête qui souleva , détourna de la
fenêtre et fit monter plus haut encore la botte, jusqu’en haut de la
tour de l’étoile, la chambre de Ticha’niv, la demoiselle à la noire
chevelure vêtue de sa robe nocturne tissée de fils d’éclipse et sertie
de diamants.
La
jeune fille, subjuguée par la beauté de l’objet ne put se retenir de la
passer. Et lorsque de son pied botté elle tapa du talon, le sol
s’ouvrit sous elle et Ticha’niv tomba.
Dans
la grande salle, Vrastané tenait toujours sa botte à la main lorsqu’il
vit le plafond s’ouvrir et Ticha’niv tomber. Il s’avança pour la
rattraper mais le sol s’ouvrit sous ses pieds. Lâchant la botte qui
tomba dans le trou, il sauta pour attraper Ticha’niv mais ne pût que
saisir sa robe qui se déchira et Ticha’niv disparut en hurlant dans la
fosse qui se referma sur elle.
Vrastané hurla sa colère : Les nuages se noircirent et la grêle s’abattit, brisant tout, pierre, arbres, hommes et animaux.
Rivosnite,
fou de rage d’avoir été dupe façonna de son javelot de vent des golems
de terre qu’il envoya à la recherche de Ticha’niv. Et la terre trembla
sous chacun de leur pas jusqu’à ce qu’ils atteignent l’entrée d’An’dow
où ils se figèrent, ne pouvant y entrer mais ne voulant repartir.
Vrastané
quitta ses habits de cour et revêtit sa maille, son heaume, ses
gantelets. Au balcon des échos, il lança son appel et tous y
répondirent. Une armée fut levée. Des milliers d’hommes pierre et des
centaines d’engins, tous avançaient au même pas cadencé, faisant
trembler la terre. Mais l’armée se trouva arrêtée. Les golems de terre
obstruaient l’entrée d’An’dow. Nul ne pouvait passer.
Vrastané, son orgueil bafoué, laissa sa rage exploser et la montagne se mit à hurler.
C’est
alors que Fan’téïlos apparut aux côtés de Vrastané, pieds nus et vêtu
de haillons. D’une voix douce, apaisante, il demanda à Vrastané le droit
de l’aider. Il ne voudrait en échange que l’abri et la couvert.
Vrastané, calmé, regarda le nouveau venu, plongeant dans son regard, il
le jugea pour ce qu’il était, un chevalier errant, pauvre de biens mais
riche en son cœur. Vrastané accepta.
Fan’téïlos
s’avança vers An’dow et, s’aidant des golems pour grimper, s’éleva
jusqu’à en surplomber l’entrée. Il mit alors genoux en terre et commença
à creuser la neige, à en faire un muret. La nuit était tombée, la lune
était cachée, mais une étoile brillait dans le ciel. Son rai illumina la
neige et Fan’téilos, creusant sur la lumière vit bientôt une fleur
blanche apparaître. Fan’téilos la nomma Simolia, comme se nommait
l’étoile qui lui avait montré la fleur. Il s’en saisit et la fleur dans
sa main se changea en épée. Il la planta dans le sol. La glace fondit,
des fleurs poussèrent. Une musique de printemps retentit, remplissant le
coeur de Fan’téilos d’allégresse. La terre se fendit en deux, révélant
un autre accès vers An’dow.
Fan’téilos
allait entrer en An’dow lorsque le bras de Vrastané le retint. Ce
dernier souriait. « Tu as seul trouvé ton épée mais il te faut pour
l’accompagner, une tunique pour la beauté, un gambisson pour le confort,
de la maille pour te protéger et un écu pour afficher tes couleurs.
Soit donc mon chevalier. »
Fan’téilos, honoré, remit genoux à terre et une fois adoubé se releva pour revêtir ce que Vrastané venait de lui offrir.
Accompagné par Vrastané et suivi par l’armée, Fan’téilos s’enfonça alors dans les profondeurs d’An’dow.
Longtemps
durèrent les combats souterrains contre les forces du dessous. Sans
cesse, les monstres du froid surgissaient pour s’opposer, encore et
toujours, à l’avancée de l’armée.
Isolé
par une attaque surprise, Fan’téilos fût précipité dans le gouffre du
souffle ardent où il ne survécut que grâce aux gouttes de rosée que
projeta Simolia. Il erra dans les dédales souterrains, évita les pièges
de l’illusion tapie, affronta les souffrances de la tentation noire et
retrouva une des bottes. Mais pas Ticha’niv. Après d’autres aventures,
il retrouva Vrastané et lui montra la botte. Vrastané voulut s’en saisir
mais la botte se déchira. Il garda la semelle qui se changea en marteau
et Fan’téilos vit le cuir se changer en bandeau qu’il passa à son
front. Alors la fatigue disparut et Fan’téilos continua encore et
toujours à chercher Ticha’niv dans les profondeurs d’An’dow.
Sur
la promesse de Fan’téilos de revenir à Néisdil avec Ticha’niv, Vrastané
rentra à son château où depuis, il attend leur retour, toujours vêtu de
guerre, le marteau à ses pieds.
Lormak / Aënëa / Mialtus / Mesalena / neufs voiles
La Manticore / Sarindol / Soriak
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