Écrire l’art

Écrire l’art, l’art d’écrire, décrire l’art, oui, décrire.
C’est l’image par le mot, c’est le mot en image,
C’est l’expression des maux d’un autre, c’est l’hommage
Encré qui sans proscrire voudrait tout retranscrire.

Un tableau religieux fera bien mon affaire :
Une image de Dieu, trois tableaux qui sont un.
C’est l’instant des adieux où l’homme est sous sa main,
Jugement élogieux ou départ en enfer.

C’est bien un jugement, le jugement dernier
Qui se présente à moi au moment de décrire
Mais ce n’est pas l’émoi que je vais retranscrire.
Mon dernier jugement est l’œuvre désignée.

Il y a trois parties, comme pour l’original.
A gauche, c’est l’enfer, le malheur et les larmes.
Au centre, à son affaire, Dieu sépare de son arme.
A droite sont passées les âmes virginales.

A gauche, c’est le noir des cheveux du passé,
D’un regard ou l’espoir avait été chassé.
C’est l’errance nocturne qui dure encore le jour,
Un passage par ma turne, sans salut ni bonjour.

Au centre, c’est le bleu du ciel et de sa robe
Avec le noir encore, s’étalant sur les murs.
Mais pour le cœur à corps, ne se sentait pas mûre
Par la faute d’anciens bleus, sourit mais se dérobe.

A droite le paradis de rouge est coloré
Dans les bruns d’un décor où j’aimais picoler.
Là, enfin, nos deux corps, côte à côte, accolés
Après quelques « on-dit », j’ai touché le doré.

Écrire l’art, l’art d’aimer, d’écrire l’art c’est aimer.
C’est rendre par les mots les souvenirs-images
De l’instant où les maux ne sont plus des dommages
Mais les feux allumés du sentiment nommé.

Une chambre d’Asie au-dessus d’une école,
Des livres sur un lit, des vêtements qui fuient,
Le corps qui se délie, le malheur qui s’enfuit,
Le cœur qui se rosit et l’âme qui décolle,

Vers Toi.

Le goût du souvenir La lettre Le portrait La rencontre  

L’invitation au voyage Pères, Mères Écrire l’art