Pères, Mères

Avec mon père, on fait la paire. Avec ma mère, l’esprit, l’âme erre.
Avec mon père qui loin se perd avec ma mère en bord de mer.

Miroir sans tain d’un autre toi, figure d’étain d’un autre toit,
L’eau et le sel qui te nettoie, lui avant elle, si ce n’est toi.
Pieds dans la neige, levant ton col, loin des manèges, tu te décolles
De ce limon grâce à l’école. Napoléon a eu Arcole.

Tu voulais vivre de voyages mais tu n’avais pas encore l’age
De choisir toi-même ton bagage ; On t’en a donné un bien sage.
Tu as fini chez un notaire comme on bénit puis on fait taire.
On t’a mis un genou en terre et tes deux pieds sont bien sur terre.

Mais je sais que derrière l’image, les jolies couleurs du plumage,
Tu as su garder ton ramage, tu n’as pas lâché le fromage.
Petit poêlon de tartiflette ou bien gamelon de raclette,
Chaleur du feu où se reflète un souvenir de bicyclette.

Plus jamais on ne m’y prendra, j’étais vraiment dans de beaux draps,
Me remplacera qui voudra, je préfère affronter Hydra
Que remonter sur un vélo, me démonter, ruisseler l’eau
Et sentir mon corps à vau l’eau, ma vénus n’est pas de milo.

Mais c’est un fait sans importance qui ne mérite pas pénitence
Quand je fais le compte des instances, que je compare à la distance
Qui au carré du temps s’inverse, sable doré qui se déverse.
Les mois, les ans, tombent en averse : viens l’heure de l’eau salée qu’on verse.

Avec mon père, on fait la paire, avec ma mère, l’esprit amer.
Avec mon paire qui loin se perd, reste ma mère en bord de mer.

 

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