Bienvenue dans mon vrac.

Vous y trouverez des textes variés : Grandeur Nature, atelier d'écriture, poèmes ou autres : aventures et histoires.

En vous souhaitant de prendre autant de plaisir à les lire que j'en ai eu à les écrire.

L'arrivée

Entassés à l'avant du Liberté-Sarah, avec tous les autres, Liaranne et Felton regardaient l'île qui n'en finissait pas de grandir. Comme tous les autres, c'était la première fois qu'il venaient à la célébration du Marcheur. Comme tous les autres, ils attendaient, écrasés, supportant les embruns, le vent, le froid et l'humidité des vêtements, nauséeux de tous ces roulis et de tous ces tangages. Comme tous les autres, ils oublièrent tous ces tracas lorsqu'ils ressentirent la présence du Marcheur.

« Kaïku ! C'est Kaïku ! » répéta Liaranne pour la troisième fois, le nez froncé de joie. « Regarde Fel ! C'est Kaïku ! »
« Oui, Li. Je la vois moi aussi. C'est Kaïku. » sourit Felton.
« Kaïku ! C'est Kaïku ! » répéta une fois encore Liaranne, en remuant les poings. Elle attrapa Felton par l'épaule, le tira en arrière et l’entraîna dans une danse.
« Kaïku ! C'est Kaïku ! » répétait-elle encore, en tournant.
Bien vite les autres l'imitèrent.



Les autres, c'était le groupe qui s'était formé pour ce voyage. Une vingtaine de personnes. Tous vivants à Vallas. Beaucoup étaient issus de familles de petits marchands ou d'artisans mais on comptait aussi des maîtres ouvriers, deux soldats et l'agent bien sûr.


Au départ simple agrégat de voyageurs, le groupe avait fini, de réunions en discussions, par se mettre d'accord sur une tenue unique : de long tissus bleus qui, en mouvement, faisaient comme des vagues. En courant autour des parties du Marcheur, ils seraient l'océan sur lequel elles vogueraient jusqu'à l'unisson pendant la cérémonie de la forme.


Chacun avait payé sa part d'avance à l'agent qui s'était occupé de tout : les places sur le Liberté-Sarah, qui arriverait un peu après le Marcheur, l’hébergement sur place, les repas et le voyage du retour. Ils n'avaient tous gardé qu'un peu d'argent pour les petits à côtés mais pas trop, pour éviter d'attirer les mauvaises intentions.

Épuisés de leur danse frénétique, Li et Fel s’accoudèrent au bastingage.

« Regardes Fel ! C'est Kaïku ! »

Fel se contenta de hocher la tête. Il se plaça derrière elle et la serra dans ses bras, regardant avec elle Kaïku : Des arbres de partout, des bords de l'eau jusqu'aux trois hauteurs escarpées. Avec des plages inexistantes ou, en tout cas, invisibles de là où ils se trouvaient, l'île semblait n'être qu'une gigantesque forêt flottante. Seuls la ville et ce qui, un peu à l'écart, ressemblait à des ruines se démarquaient. Le reste n'était que troncs, branches et feuilles.

« Un immense bois. » chuchota Fel.
Li se redressa et l'emporta dans une nouvelle danse.
« Promenons nous dans les bois, lala lala lalala... »

L'agent, qui n'avait pas participé à la danse, sourit à pleines dents en les regardant tourner.

Peu après, le capitaine les fit retourner à la proue pour l'accostage. Tandis que les marins s'affairaient, ils restèrent à regarder la ville : passé le port, son marché et ses quelques entrepôts, on voyait d'un côté, des bâtisses de maître dont certaines ou toutes devaient être des hôtels de luxe, d'un autre, des bâtiments, hauts de trois ou quatre étages, qui devaient aussi servir de résidences aux célébrants et puis, plus loin, l'église du Marcheur, la plus imposante construction de la ville, derrière laquelle on devinait, plus qu'on ne le voyait, un quartier de maisons basses, séparé des autres, le quartier des natifs.

Une fois le Liberté-Sarah à quai, le capitaine leur demanda de retourner dans leur cabine et de se tenir prêts à débarquer avec leurs affaires dès qu'il leur donnerait le signal.

« Le déchargement doit se faire dans l'ordre pour une bonne efficacité. » leur avait-il dit la veille lorsqu'il les avait prévenu qu'ils devraient suivre ses directives. Chacun avait donné son assentiment. De ce capitaine émanait tant de compétence, qu'on ne pouvait douter de sa capacité à faire ce qu'il fallait. Fel aurait aimé repartir avec lui. Malheureusement, l'agent avait réservé sur un autre navire pour le retour. Enfin, ce serait sûrement un excellent capitaine aussi.

Lorsqu'un marin vint leur dire que c'était leur tour, ils sortirent tous ensemble et débarquèrent, non sans prendre le temps de dire merci avec de grands gestes des bras, ce que le capitaine accepta à sa façon bourrue d'une sorte de ronchonnement qui les fit tous sourire.




À terre, Fel refusa trois fois à Li d'adopter un lémure. La quatrième fois, elle posa son nouveau compagnon sur son épaule et embrassa Fel avant qu'il ait pu dire non.



L'agent les amena jusqu'à un guide. Lui devait aller au comptoir d'arrivée, vérifier dans quel établissement le groupe devrait s'installer. Pendant ce temps, les autres visiteraient les ruines. L'agent passa les sacs dans une corde et s'en chargea. Il les poserait directement dans les chambres pour laisser les autres libres de profiter de la visite. Il s'éloigna vers le comptoir et eux se retournèrent vers leur guide.

L'arrivée Le contact Le passage La chair 

La forme Le souffle L'âme Le départ

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