Bienvenue dans mon vrac.

Vous y trouverez des textes variés : Grandeur Nature, atelier d'écriture, poèmes ou autres : aventures et histoires.

En vous souhaitant de prendre autant de plaisir à les lire que j'en ai eu à les écrire.

Caillou

Il se nommait Santiago. Le jour déclinait lorsqu’il arriva, avec son troupeau, devant une vieille église abandonnée.

Il était fatigué d’avoir tant marché. Il ôta sa besace de son épaule, la laissa pendre jusqu’au sol et s’assit lentement sur une pierre, le regard perdu dans le vide. Puis il la contempla : l’église. Comme je le contemplais, lui, alors qu’assis en face de moi, un soir, il me contait son histoire en partageant mon repas.
 
Son visage, marqué de rides, ne paraissait pourtant pas vieux, usé, tant il riait facilement. Ses yeux, noirs de prime abord, laissaient passer, lorsqu’il riait ou lorsqu’il vous écoutait, une lueur, vive, joyeuse, intense, qui rendait son regard clair comme les nuits d’été. Cet homme était jeune. Comme l’est l’arbre millénaire qui au printemps se gorge d’une sève nouvelle riche de vie, porteuse de promesses.

Les raisons qui l’avaient fait partir, je ne les sues jamais. Mais il devait y en avoir car un jour, me dit-il, il avait tout quitté pour partir sur les routes, errer, avec quelques moutons dont la plus grande utilité était, à ses yeux, de montrer qu’il n’était pas un voleur mais bien un berger. Jusqu’à ce qu’il arrive à cette église.

L’église, elle, avait souffert des affres du temps, la pluie, le vent, un éclair, des animaux de passage, l’avaient usée, brisée, salie, peu à peu réduite à l’état de ruine. Bientôt guère plus qu’un tas de gravats.

Et Santiago, tandis qu’il la regardait, sentit la paix s’installer en lui. Lui qui avait tant et tant marché, s’endormit.

Les bergers ne dorment jamais ni bien longtemps ni bien profondément. Et même si Santiago n’était pas vraiment berger, il en avait pris certaines habitudes. Il s’éveilla au milieu de la nuit, s’inquiéta pour son troupeau, se redressa et le vit qui s’était abrité du vent contre le dernier mur de l’église.

En contrebas, une mare reflétait la lueur d’une étoile. Cette lumière inattendue capta son attention, l’hypnotisa et Santiago, lentement, s’avança jusqu’à la mare. Mais là ou aurait dû se trouver le reflet d’une étoile, se tenait un visage ; celui d’une jeune femme souriant avec tendresse. Santiago cligna des yeux. Le visage avait disparu. Ne restait que les étoiles, l’eau et le vent. Santiago revint vers la pierre, s’assit de nouveau et, malgré l’obscurité, se remit à contempler l’église.

Au matin, il arracha les herbes folles des abords, puis, à l’intérieur de ce qui tenait encore debout, il retira les saletés et les gravats. Toute la journée, il nettoya.

Et le lendemain encore.

Un homme vint à passer dans l’après midi, qui le regarda s’activer et finit par repartir. Mais le soir l’homme revint et déposa un panier prés de la pierre.

Et le lendemain encore.

Le jour suivant, l’homme vint avec son panier à la mi-journée et au lieu de repartir, vint aider Santiago jusqu’à la nuit tombée.

Et le lendemain encore.

L’église avait retrouvé un semblant de propreté. Santiago commença à trier dans le tas de pierres écroulées, celles qu’il pourrait ré-utiliser. L’homme le regarda un moment faire. Puis il s’en alla.

Il revint à l’aube, transportant dans une brouette en bois de quoi faire du mortier. Santiago descellait les pierres qui ne tenait plus et l’homme passait dessous du mortier. Ainsi le dernier mur qui aurait dû s’écrouler fut-il réparé. Ainsi les autres murs commencèrent à s’élever.

Un jour l’homme partit. Santiago, s’occupa de ses bêtes qui profitaient pleinement de l’herbe et de la mare.

Le lendemain l’homme revint, sur une charrette tirée par un bœuf. La charrette contenait d’autres pierres mais aussi des poutres. Monter des poutres n’est pas si facile à deux. Mais l’homme avait aussi amené des cordes et grâce à elles, ils réussirent à les installer.

Ils œuvrèrent tant et tant, ne s’arrêtant que pour dormir et manger. Et finalement, ils se tinrent côte à côte, prés de la pierre, contemplant l’église, restaurée. Ensemble, ils y entrèrent. Ensemble, ils y prièrent.
 
Santiago ressortit et voyant la pierre, la souleva pour la poser au bord du chemin. Un reflet sous la pierre attira son attention. Une petite étoile d’argent s’y cachait depuis, qui sait, sûrement de nombreuses années. Santiago la ramassa la regarda un moment et sourit.
 
Il alla serrer la main de l’homme et lui offrit ses moutons. L’homme allait refuser mais Santiago lui demanda de les accepter comme un service car il devait maintenant retrouver sa femme et que les animaux ne feraient que le ralentir. En s’éloignant, Santiago regarda une nouvelle fois la petite étoile. Il avait trouvé le trésor. (…), Me voici Fatima, dit-il, j’arrive. »

Le rabrochet Caillou Le corail Détail Flamme Lettre à Georges Insolence Marteau Réveil Volte face Ahmad

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