Bienvenue dans mon vrac.

Vous y trouverez des textes variés : Grandeur Nature, atelier d'écriture, poèmes ou autres : aventures et histoires.

En vous souhaitant de prendre autant de plaisir à les lire que j'en ai eu à les écrire.

Volte face

Celui qui aura survécu à ce jour et
sera rentré chez lui sain et sauf ou blessé
se redressera sur ses talons chaque fois
qu'on narrera ce jour, le jour de saint Crépin.


Il dira : j’étais là, le matin du combat,
Attendant dans la brum’, tétanisé de peur
Entendant les mulets s’échiner sous les Bâts
De machines de guerres entourées de sapeurs.

Il dira : Les drapeaux s’alignaient par centaines
Comm’ des oiseaux planant au dessus de la mer
Des visages marqués de la fierté hautaine
De ceux qui pour toujours ont refusé l’amer.

Il dira : J’y ai vu des nobles armurés
Prêts à se sacrifier pour défendre leurs terres
Ceux là qui auraient pu fair’ semblant d’ignorer
Les souffrances d’en bas, être sourds et se taire.

Ils se tenaient en lign’ à côté des manants
Acceptant le destin de l’avenir commun
Des tambours qui résonnent, des cors de guerre sonnant.
Ils avancèrent unis, presque main dans la main.

De veronnia venait le plus gros des piquiers
Repousseurs de chevaux, ceux qui devraient tenir,
Et si certains d’entre eux pouvaient paraîtr’ inquiets
C’était de peur de ne pouvoir intervenir.



Ceux de Myriath étaient presque tous à cheval
Ils prendraient l’ennemi par surprise, de côté.
Pour l’instant, ils étaient cachés au fond d’un val
Attentifs au signal, en silence ils guettaient.

Ceux de yanesh formaient le corps franc des piétons
Portant haches ou marteaux pour les mieux équipés,
Et pour les moins armés simples faux ou bâtons
Seuls quelques-uns d’entre eux arboraient une épée.

On ne voyait aucun des archers de baklan
Dissimulés aussi, chassant les éclaireurs
Ils se tenaient parés à tirer sur les flancs
Des idiots inconscients avancés par erreur.

Tous, ils étaient venus, d’éturia, affronter
Les soldats de mulkesh, assassins affameurs
Qu’ils fussent soldats à pied ou chevaliers montés
Tous unis ils hurlèrent cette immense clameur.

Mulkesh ! Grand affameur ! Tous nos enfants se meurent !
Mulkesh ! Vil affameur ! Qu’il meure ! Qu’il meure ! Qu’il meure !

Les légions ennemies attendaient, alignées
En ordre, bien rangées, homogènes, fournies
Une armée de métier aux passions expugnées
Rutilance des heaumes en guise de vernis.

Avança sur le pré, au pas, un cavalier,
Sans étendard levé et sans arme non plus.
Main levée signifiant « je viens pour concilier »
Un sourire de vainqueur ajouté en surplus.

Moi le tribun Mialtus Jonates Thorence
Suis venu à vos pieds déposer mon épée
Elle est bien peu de choses au regard des souffrances
Qu’on vous fît endurer. Mais sa lame est trempée

Et son cœur est solide. Elle ne se pliera plus
Aux désirs ennemis du cupide empereur.
Ou alors elle vaincra, s’abattant tant et plus
Ou elle se brisera en affrontant l’horreur.

Une part des légions, pas la plus importante,
S’avança sur le champ de bataille à venir
Vint se placer devant la piétaille hésitante
Fît alors volte face, préparée à tenir

Le reste des légions s’avança sur le champ
Affronter et détruire leur ancien capitaine
Un claquement de cordes pour entamer le chant
des flèches s’envolant dans le ciel par centaines.

Et tandis qu’avançaient les piétons, les piquiers
Les chevaux embusqués arrivèrent de côté
Les mouvements secrets du vivant échiquier
S’enchaînaient comm’ voulu pour aller les mater.

Tenaille qui se resserre impitoyablement
jambes brisées, broyées et chevaux hennissant
Crânes fendus, béants, des pleurs, des hurlements
Gorges et bras tranchés, champ rougit par le sang.


Le combat continue jusqu’au soleil couchant
Lorsque trépassent enfin les derniers légionnaires.
A genou et en pleurs de sa main se cachant
Le survivant indemne redevient ordinaire.


Il dira : j’étais là, à la fin du combat,
Attendant à la brune, engourdi de stupeur
Entendant les mulets s’échiner sous les Bâts
De charrettes à cadavres entourées de ripeurs.

Et tous ces nobliaux ( …) aujourd'hui dans leur lit,
Se tiendront pour maudits de n'être pas venus,
compteront leur courage pour rien quand parlera,
Qui aura combattu le jour de Saint Crépin.


Le rabrochet Caillou Le corail Détail Flamme Lettre à Georges Insolence Marteau Réveil Volte face Ahmad

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